Le dauphin rose, Inia geoffrensis
Le dauphin rose, contrairement à l’éléphant rose pouvant être aperçu partout sur Terre, est endémique du bassin de l’Amazone. Il n’est pas rare de l’observer dès lors qu’on navigue en Amazonie, bien que cette espèce soit menacée, voyons ici quelques aspects de sa biologie.
Tout d’abord la couleur peut sembler originale. Observé sous l’eau ce dauphin a bien la couleur qu’on lui prête, une fois hors de l’eau les teintes sont roses pâles voire plus souvent une large gamme de gris. Premier aspect : le rôle de l’eau très riche en matière organique dans la coloration.
De manière plus technique la couleur du dauphin rose peut relever d’une absence de pigmentation, un déficit en mélanine (pigment foncé courant chez l’animal) fait apparaitre une peau très claire et la vascularisation sous-jacente , ce qui contribue là aussi à une coloration rose. Une observation qui va dans ce sens est que lorsque l’eau est très foncé, la peau des dauphins est très claire et très rose, dans les eaux plus claires les populations de dauphins ont des peaux plus foncées, ceci est à relier au rôle protecteur des pigments vis-à-vis des rayons solaires. Dans une eau très sombre, les dauphins n’ont pas besoin d’une protection importante et la sélection naturelle semble avoir favorisé les dauphins les moins pigmentés pour lesquels ne pas supporter le coût de la synthèse des pigments a été un avantage évolutif. Voici une explication plausible, la littérature développe très peu le sujet.
Second élément que l’on remarque facilement sur un dauphin rose : il possède des yeux très petits. Ces yeux sont fonctionnels, mais ils ne permettraient aux dauphins que de distinguer des formes. (Supposition, personne n’a jamais été dans la tête d’un dauphin rose) Là encore l’adaptation au milieu de vie peut nous éclairer. Dans une eau extrêmement turbide le dauphin rose voit parfaitement, sans les yeux et grâce à l’écholocation. Ceci lui permet dans l’eau du Rio Negro où il est difficile de distinguer son nombril une fois immergé de se repérer et de repérer ses proies. Dans l’eau claire des océans on entend souvent parler du fameux sonar des dauphins, sans forcément en comprendre la portée, ce système prend tout son sens dans l’eau turbide. Le principe pour le dauphin est d’envoyer une onde sonore par un ensemble d’organes situés dans le crâne. L’onde est émise par circulation d’air dans des conduits internes proches du larynx puis focalisée par un autre organe niché dans la bosse du crâne pour être envoyée devant l’animal. Cette onde est ensuite réfléchie par les objets qui la renvoient au dauphin, elle est captée par des tissus au niveau de la mâchoire inférieure et acheminée vers l’oreille interne pour être transformée en influx nerveux.
Le cerveau analyse ensuite le temps de retour (position) et les décalages de phase (mouvement) pour obtenir une représentation de son milieu. Ce système permet au dauphin de s’orienter et de détecter ses proies sans posséder des yeux développés, étonnant pour les humains qui perçoivent beaucoup le monde avec leurs yeux. Nous laissons ici aux guides le soin de développer les légendes qui entourent ce symbole de l’Amazone. La plupart des séjours d’Heliconia Amazonia Turismo permettent de se baigner avec les dauphins roses. Nous rappelons également que l'AMPA situé à Manaus étudie et participe à la conservation du dauphin rose, ainsi que d'autres mammifères marins.